Alors que 2021 s’annonce comme une année record pour les fusions acquisitions (+67 % en France au 1er semestre) et que les PME européennes sont valorisées quasiment 12 fois leur EBITDA, les dirigeants et décideurs peuvent raisonnablement s’interroger sur la qualité des fondamentaux économiques et stratégiques du marché de transmission-reprise.
Quel est l’avis d’emoveo sur ce sujet ?
Pour y voir un peu plus clair, nous avons interrogé Jérôme Carayol, directeur associé du cabinet.
Alors que les entreprises gèrent les conséquences de la crise sanitaire dans un contexte de reprise instable, est-ce le bon moment pour envisager une transmission ou une reprise d’entreprise ?
La question est pertinente, mais au fond il faut surtout se demander « quel est le bon moment pour transmettre ou pour reprendre ? »
Du côté de la transmission, l’on sait que près d’un quart des dirigeants de PME et d’ETI a plus de 60 ans et 10% plus de 65 ans. L’on sait aussi que la probabilité de cession décroît nettement après 65 ans, donc oui c’est un sujet capital du moment et des années à venir.
Est-ce le bon moment pour transmettre ? Même si la crise rebat les cartes, la situation est différente suivant les secteurs et surtout l’imprévisibilité est la nouvelle donne, il va falloir vivre avec. Quoi qu’il en soit, c’est pour près d’un quart des dirigeants de plus de 60 ans l’occasion de penser la transmission dans un processus réfléchi et structuré plutôt que de la subir quand il sera trop tard.
Quant à la reprise d’entreprise, rappelons qu’avant d’acheter un prix ou un moment, l’on achète des fondamentaux de croissance rentable.
Concrètement comment se lancer en tant que dirigeant dans ce type d’opération ?
D’abord il faut se lancer ! C’est tout sauf évident puisque les cessions-transmissions ont baissé d’un tiers les 3 dernières années avant Covid alors que le nombre de dirigeants de plus de 60 ans est en constante augmentation. Cette tendance est problématique car une entreprise qui ne se transmet pas ou mal est un échec pour tous.
Ensuite il faut se préparer. J’ai vu des dirigeants le faire très bien seul parce qu’ils avaient l’expérience. C’est d’ailleurs ce qui nous a donné l’idée de construire pour nos clients concernés un parcours d’acquisition de l’expérience.
Cela m’amène à mon troisième point : savoir s’entourer. Une transmission-reprise est un exercice stratégique bien avant d’être comptable ou juridique. Un dirigeant gagne toujours à sortir de sa solitude et avoir le support de vrais spécialistes mais aussi de pairs ayant l’expérience de ce type d’opérations est un atout déterminant.
Au-delà des enjeux financiers de valorisation et de financement de ces opérations, quels sont les risques à prendre en compte et les écueils à éviter pour mener les discussions jusqu’à leur terme ?
La transmission-reprise est un sujet sensible qui doit être démystifié : préparée comme une démarche stratégique, elle s’organise avec méthode et va au but naturellement en répondant aux enjeux.
Je déconseillerai de tout miser sur le guide pratique de la transmission-reprise tant l’expérience est nécessaire. Que vous soyez cédant ou repreneur, c’est un long cheminement qu’il faut structurer comme un parcours, avec des étapes à passer, classiques et connues mais auxquelles il faut être préparé. D’où notre parcours de préparation et d’acquisition de l’expérience pour donner accès au dirigeant, cédant ou repreneur, à une task force de multispécialistes travaillant au quotidien avec des dirigeants de PME.
La transmission-reprise d’entreprise est un moment délicat et potentiellement déstabilisateur pour les équipes, les clients ou les partenaires de la société. Comment peut-on sécuriser ce type d’opération pour maximiser ses chances de réussite à court et moyen terme ?
Une transmission-reprise, c’est avant tout une affaire d’Hommes donc il faut que la mayonnaise prenne. Facile à dire mais difficile à réussir et pourtant le facteur culturel est le parent pauvre des guides pratiques. Avec notre parcours de préparation, nous avons par exemple permis à des cédants et repreneurs d’anticiper les premiers mois de la reprise et de mieux sécuriser leurs opérations.
En même temps, c’est un moment qui n’est pas plus sensible que d’autres moments clés du cycle de vie de l’entreprise, qui n’est pas un long fleuve tranquille. Ce sont des sujets que notre équipe connaît par cœur et qui nécessitent d’être bon dans la conduite du changement. Nous veillons en particulier à 3 facteurs clés de réussite : la confiance, la transparence et la communication.
Pour terminer, quel message pouvez-vous faire passer à tous ceux qui pensent que la transmission est « mission impossible » devant la difficulté à trouver un repreneur ?
Le message simple que je voudrais faire passer ici aux futurs cédants est que même quand vous pensez que personne ne pourra ou voudra reprendre votre entreprise, se cache en réalité un terreau fertile qui ne demande qu’à être soigneusement travaillé pour faire pousser la graine d’une reprise pérenne.
Notre équipe regorge d’exemples difficiles à résumer en quelques mots mais que nous sommes très heureux de partager lors de RDV d’échanges dont nous assurons la confidentialité. L’intuitu personae est important pour un dirigeant de PME comme pour nous.